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Le referendum de la discorde

Le referendum de la discorde

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François Hollande a semé la confusion, le 11 février dernier, en annonçant la tenue d'un référendum sur le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Depuis l'annonce de cette consulation, la cacophonie la plus complète s'est emparé de la sphère politique. L'utilité, le calendrier, le périmètre de vote, jusqu'à la faisabilité de ce referendum sont remis en question.

La première évocation d'un nouvel aéroport en périphérie de Nantes date aujourd'hui de près de cinquante ans. Durant ces cinq décennies, d'avancées, de reculs, de recours, d'atermoiements, la contestation du projet par ses opposants a été constante et souvent brutale. Pourtant, les majorités se sont succédé tant à la tête du département de Loire-Atlantique que de la région Pays de la Loire, sans jamais infléchir la marche lente mais réguière du projet. L'opposition à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes est quasi inexistante dans le monde politique local mais également dans la population. En effet, si les manifestations sont régulières et souvent brutales voire violentes, elles ne sont en vérité que le fait d'organisations auto-proclamées anti-fascistes. Si ce consensus populaire et démocratique, consacré par le temps, n'est pas parvenu à mettre fin aux prétentions de blocage d'une minorité, un scrutin flou et contesté n'y parviendra pas davantage.

Outre son utilité, les modalités mêmes de la consultation sont sujet à polémiques. Le périmètre retenu pour organiser le scrutin est sujet à discussion, y compris à l'intérieur du gouvernement où Ségolène Royal réclame un périmètre élargi aux départements limitrophes de la Loire-Atlantique alors que Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes et ministre des Affaires Étrangères fraichement nommé, s'est prononcé en faveur d'un scrutin au « plus proche du territoire impacté ». Faut-il organiser le vote à Nantes alors que le projet est hors de l'agglomération ? Faut-il choisir le département alors que le projet devrait avoir des retombées régionales ? Faut-il joindre la région Bretagne qui finance en partie le projet ? Quelle que soit la décision finalement prise, on imagine déjà les accusations d'introduction de biais - que nous appelions jadis chiracutages électoraux, nostalgie quand tu nous tiens - dans le scrutin. Enfin, le projet national échappe en théorie à toute décision locale, quand bien même celles-ci seraient issues d'un referendum. Au lieu de faciliter la mise en oeuvre des travaux de l'aéroport, le referendum, s'il a finalement lieu, ne fera que donner l'occasion de nouveaux recours à ses opposants.

Pour qui fait preuve d'un peu de clairvoyance, la raison de l'annonce soudaine et aléatoire de ce referendum ne peut se trouver que dans le petit jeu politique et politicien de François Hollande. Il y a bien sûr, la jusitification de l'arrivée de nouveaux entrants écologistes au gouvernement mais il ne faut pas non plus perdre de vue le scrutin lui-même, prévu a priori pour la fin de l'automne 2016. De là à penser que l'habile promoteur de ce referendum songe à décridibiliser ses alliés écologistes à moins de six mois de la présidentielle…


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